Presqu'une île

Gâvres face à la montée de l'eau

ÉpisodesContexte en BretagneLes outils anti-submersionArchivesCrédits
La montée des océans est un phénomène mondial. Le réchauffement du climat entraîne la fonte des glaciers en montagne et dans les pôles. Sous l’action de la chaleur, les molécules d’eau se dilatent, prennent plus de place. L’eau monte.

Nous nous sommes rendus à Gâvres, une petite presqu’île abritant moins de 700 habitants près de Lorient en Bretagne. Le territoire est directement confronté à la hausse du niveau marin. Ses plages se creusent et son trait de côte recule sous l’action de l’érosion, rendant le village vulnérable aux submersions marines.

Dans cette petite cité morbihannaise menacée par les eaux, un projet de lotissement met en lumière les paradoxes engendrés par le réchauffement climatique. Entre protection naturelle, urbanisation et baisse démographique, Gâvres est un petit territoire aux milles enjeux.

L'équipe de « Presqu'une île » est allée à la rencontre des Gâvrais, présents sur tous les fronts, qui tentent d'innover pour retarder au maximum l'inéluctable.

ÉPISODES

ÉPISODE 1

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S'adapter

Sur la Grande plage de Gâvres, dans le Morbihan, Dominique, Françoise, André et Maryse mesurent la hauteur du sable. Ce geste anodin, en apparence, est en fait primordial dans la lutte contre l'érosion côtière. Avec l'association Objectif Dune, ces bénévoles prennent soin des dunes qui protègent leur village de la submersion marine.

ÉPISODE 2

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Submergée

Le 10 mars 2008, la presqu'île se réveillait sous le choc. L'Atlantique, entraîné par la tempête Johanna, venait de s'engouffrer sur les terres du village. Une soixantaine de maisons sont impactées, dont celle d'André. Plus au sec près de la pointe sud, Françoise se souvient de cette violente tempête.

ÉPISODE 3

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Préserver

En plus de l'érosion côtière, la presqu'île de Gâvres est menacée par l'érosion de sa population vieillissante. Pour assurer la survie du village, la mairie a pour projet de construire 36 logements. Bâtir le lotissement ne sera pas simple sur un territoire menacé par la submersion marine, induite par la montée des eaux. François, Dominique et leur avocat, Thomas Dubreuil, tentent d'en empêcher la construction.

LES PERSONNAGES

Dominique Duic

Marin pêcheur puis ouvrier offshore, Dominique Duic est un Breton fier de sa presqu'île. Auto-revendiqué « Gâvrais, né à Gâvres et habitant à Gâvres », ce Morbihannais pure souche consacre une grande partie de sa retraite à défendre ses terres. De la montée des eaux et de l'érosion d'un côté, de la construction du nouveau lotissement dans le quartier de Porh Guerh de l'autre. L'œil clair assorti d'une langue bien pendue, Dominique est présent sur tous les fronts.

« J'ai plus peur de conduire jusqu'à Rennes que de dormir à Gâvres »

François Coulon

Il y a 11 ans, François découvrait la presqu'île. Tombé sous le charme, l'ancien journaliste d'Europe 1, qui habite Nantes, a rapidement acheté un pied-à-terre à Gâvres. Un endroit qu'il souhaite préserver à tout prix de l'artificialisation et donc du lotissement de Porh Guerh. Président de l'Association pour la protection de la lande de Gâvres (APLG), il s'active pour empêcher la construction des 36 logements du projet, au profit de la lande de Gâvres.

« Construire dans un endroit qui se bat pour garder la tête hors de l'eau, c'est paradoxal »

Manuèle Haton

S'installer à Gâvres, c'était son rêve. C'est désormais une réalité depuis le mois de septembre. Dans le bourg de la presqu'île, Manuèle a acheté une petite maison qu'elle va agrandir pour elle et ses chiens. Et peu importe les risques d'érosion, de submersion ou de tempêtes, coûte que coûte, elle tenait absolument à venir vivre sur Gâvres. Depuis 25 ans, l'ancienne Parisienne venait régulièrement pour visiter son père et plus récemment sa sœur, qui y travaille.

« Même en zone submersible, j'aurais acheté »

Akira Lavault

« Si ça peut servir de réveil de conscience pour d'autres gens, c'est parfait ! » Akira rêvait de s'engager dans la lutte pour la transition écologique. À Gâvres, les planètes s'alignent pour l'ancienne diplomate en Afrique qui fonde Maison Glaz en réhabilitant les locaux de l'ancienne colonie de vacances. Sur la pointe des Saisies, elle tente d'insuffler aux visiteurs de nouvelles manières de travailler et de produire, en mettant la nature au premier plan.

« Il faut faire le pari de la nature »

Glen Bulot

Ingénieur au laboratoire Geo-Ocean, Glen tente de comprendre les évolutions du littoral morbihannais. Grâce à ses études, le scientifique renseigne sur l'efficacité des différents aménagements mis en place tout au long du trait de côte du Morbihan, notamment à Gâvres. Là-bas, il travaille en collaboration avec les bénévoles d'Objectif Dune pour « créer du lien entre scientifiques et société ».

« Dire que Gâvres sera une île, c'est beaucoup s'avancer »

Thomas Dubreuil

Avocat vannetais en droit de l'environnement et de l'urbanisme, Thomas défendra l'APLG devant le tribunal administratif de Rennes, à partir d'avril 2023, au sujet du lotissement de Porh Guerh. Une nouvelle affaire pour ce spécialiste des questions environnementales. Il s'était notamment illustré en défendant les opposants de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou les victimes de la pollution d'une rivière en Ille-et-Vilaine par Lactalis, en 2017.

« Urbaniser en masse contre les résidences secondaires n'est pas la solution »

Olivier Priolet

Responsable de la mission milieux aquatiques et prévention des inondations (MAPI), Olivier Priolet intervient dans l'identification des risques littoraux au sein de Lorient Agglomération. Face à la montée du niveau marin et aux éventuelles submersions, la communauté d'agglomération a suggéré la mise en place de dispositifs de protection des biens et des personnes sur le territoire gâvrais.

« Faire face aux risques d'une autre manière grâce au génie écologique »

Pauline
Le Nardant

Responsable en charge de la prévention des inondations et de la submersion marine sur l'agglomération de Lorient, Pauline a identifié les secteurs les plus sensibles sur les 132 kilomètres de côtes du littoral lorientais, notamment à Gâvres. Suite aux deux inondations de 2001 et 2008, Lorient Agglomération est intervenue sur la presqu'île pour comprendre les dynamiques hydro-sédimentaires et agir en conséquence, avec différents aménagements adaptés au territoire et basés sur la nature.

« Intégrer le changement climatique aux décisions, c'est une obligation »

LE REPORTAGE

« Presqu'une île » est un podcast en trois épisodes réalisé par deux journalistes, Marie Rabin, 23 ans, et Etienne Marquis, 24 ans, dans le cadre de notre projet de fin d'études. Étudiants au Master Journalisme et médias numériques de Metz (57), nous sommes tous les deux originaires de Bretagne, raison pour laquelle nous avons orienté notre travail sur cette région.

Après une première période de recherches et de renseignements sur les sujets de l'érosion côtière et de la submersion marine, nous nous sommes rendus à Gâvres à deux reprises. Une première fois le 3 novembre 2022, pour y effectuer des repérages et rencontrer Dominique Duic, notre relais sur la presqu'île. Suite à cette visite, nous avons pu accélérer nos recherches, confirmer les différents sujets à aborder dans nos épisodes et identifier les témoins de notre production.

Du 4 au 7 février, nous sommes retournés sur la presqu'île, en plein hiver, période propice aux tempêtes. Finalement, c'est sous un radieux soleil breton que nous avons rencontré les personnages de nos trois épisodes. Chacun a pu parler de son rôle au sujet de la submersion à un endroit choisi pour l'occasion. Sur la plage et auprès des dunes pour le scientifique de l'OCLM Glen Boulot (en haut à gauche) et les bénévoles d'Objectif Dune. Dans le bourg de Gâvres à la rencontre de résidents à l'année. Au siège de Lorient Agglomération pour Olivier Priolet et Pauline Le Nardant (en haut à droite), du pôle inondations et submersions marines. Et sur les lieux du futur lotissement, à Porh Guerh, pour François Coulon, président de l'APLG (en bas à gauche), les membres de l'association et leur avocat Thomas Dubreuil (en bas à droite).

Tout au long de notre travail, nous avons multiplié les demandes d'interviews avec Dominique Le Vouëdec, maire de Gâvres. Ce dernier n'a jamais souhaité répondre à nos questions, au sujet de la submersion et du lotissement. Sur ce dernier point, nous avons également sollicité Negocim, le promoteur du projet de Porh Guerh. La société n'a pas souhaité s'exprimer.

CONTEXTE EN BRETAGNE

2002, Johannesbourg, sommet de la Terre. Jacques Chirac, alors président de la République alertait : « Notre maison brûle ». Vingt et un ans plus tard, ajoutons : « Notre maison coule ». Ce n'est pourtant pas faute de prévenir. Depuis 1990, date des premières conclusions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), jamais les émissions de gaz à effet de serre n'ont cessé d'augmenter. Alors en mars 2023, dans leur dernier rapport, les scientifiques ont constaté que « le rythme et l'ampleur des mesures prises jusqu'à présent » restent « insuffisants pour s'attaquer au changement climatique ». D'ici la fin du siècle, le niveau marin pourrait s'élever de 60 centimètres à 1,10 mètre selon les scénarios plus ou moins optimistes.

Avec ses quelques 2 500 kilomètres de littoral, soit plus de 40 % du linéaire côtier de métropole, la Bretagne est directement confrontée au dérèglement du climat. Si l’élévation du niveau marin est un phénomène naturel et très ancien, son accélération alerte la communauté scientifique. En 300 ans, l’eau est montée de 30 centimètres sur le littoral breton. Mais désormais, elle monte 5 fois plus vite qu’au XVIIe siècle (4 mm par an contre 0,8 mm). Quel qu'en soit son degré, la montée des océans affectera les côtes. Les niveaux marins extrêmes atteindront plus fréquemment le rivage, ce qui intensifiera l’érosion du trait de côte et augmentera la fréquence et la sévérité des submersions marines.

Un littoral en béton

Le littoral breton est en majorité protégé par ses côtes de falaises granitiques, plus résistantes à l'assaut des vagues. Ainsi, 6 % seulement du littoral armoricain a reculé ses 60 dernières années. Mais les enjeux sont de plus en plus nombreux sur ces zones où la mer grignote les terres - essentiellement des plages de sable ou de galets. Les activités humaines se sont largement concentrées le long des rivages devenus attractifs et récréatifs. La conjonction entre l’aléa (une submersion) et l’enjeu (protéger de plus en plus de personnes) augmente le risque de dégâts.

En 2019, plus d’un tiers de la population bretonne (36,7 %) vivait sur le littoral. Avec 239 habitants par m² vivant en bord de mer, la densité de population y est d’ailleurs deux fois plus élevée que la moyenne régionale (123,3 hab/m²). La presqu'île de Gâvres est, elle, trois fois plus densément peuplée, avec ses 361 habitants au kilomètre carré. « Depuis 60 ans, le littoral s’est anthropisé trois fois plus vite et trois fois plus densément que n’importe quelle autre partie de la France », note à ce propos Élodie Martinie-Cousty, pilote du réseau océans, mers et littoraux de France Nature Environnement. De 1968 à aujourd'hui, les Bretons ont peu à peu délaissé le centre des terres pour densifier les bords de mer ainsi que Rennes et sa périphérie (voir ci-dessous).

Cet haliotropisme, autrement dit l'attrait des littoraux, n'est pas sans conséquence pour la préservation du trait de côte. En édifiant des ouvrages de défense à la mer en « dur », les activités humaines ont grandement modifié les équilibres naturels des plages. Sur ses 850 kilomètres de littoral, le Morbihan compte 250 kilomètres totalement artificialisés. Sur ces territoires, « l'environnement a moins de réponses possibles face à lui-même », abonde Glen Bulot, ingénieur au laboratoire Geo-Ocean. Les 200 kilomètres de côtes sédimentaires, en perpétuel ajustement, se retrouvent donc en déséquilibre. « Les gens ont tendance à prendre la plage comme un objet fixe alors qu'elle bouge tout le temps. La plage respire en fonction des saisons, des marées, des coefficients, des vents. Elle peut être très mobile dans le temps », détaille encore le scientifique morbihannais.

« En France, ce sont 975 communes et plus de 278 000 bâtiments privés ou publics concernés par l’érosion et la submersion côtière. »
Elodie Martinie-Cousty de France Nature Environnement

D'ici à 2100, l'action combinée de l'érosion et des submersions pourrait menacer 50 000 logements. Depuis la loi Climat et Résilience du 22 août 2021, les risques d'érosion et de recul du trait de côte sont pris en compte dans le cadre juridique. Une ordonnance, puis un décret, sont venus, en 2022, respectivement préciser « le cadre en matière d'urbanisme » et « la liste des communes particulièrement touchées par un risque d'érosion dans les années à venir ». En Bretagne, 41 communes sont concernées, dont Saint-Brieuc, Lannion ou Quiberon auront l'obligation « de s'adapter en priorité à l'érosion du littoral ».

Gâvres n'en fait pas partie (voir répartition ci-contre). À l'instar de la presqu'île, de nombreuses communes ont choisi de ne pas intégrer cette liste, car aucun outil financier d’aide à l’adaptation n’est prévu pour le moment.« L'État n'a pas les moyens de sa politique, les maires se sont pas armés pour lutter contre », déplore Elodie Martinie-Cousty. Après la tempête Xynthia, en 2010, qui a causé 59 morts, des plans de préventions des risques littoraux (PPRL) ont été déployés dans de nombreuses communes à risques. Ces PPRL cartographient les zones à risques de submersion marine, y règlementant l'urbanisation. Le maire de Gâvres a choisi cette voie, en 2011. Les zones basses concernent ainsi près d'un quart des logements de la commune, qui, compte tenu du risque établi, a été décoté, sans indemnisation.

Reste désormais à savoir comment organiser la retraite des logements qui auront les pieds dans l'eau dans le futur. « Sur les 50 000 logements menacés, il paraît illusoire de tout défendre », pose Mouncef Sedrati, enseignant-chercheur en Géomorphologie littorale et Géologie Marine au laboratoire Geo-Ocean et à l'Université Bretagne Sud. Ces expropriations climatiques guettent les territoires directement en prise avec la mer.

Sur les bases des modélisations du Giec, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a mis au point un simulateur des zones exposées à l'élévation du niveau de la mer à marée haute. À Gâvres, « dans n'importe quel scénario, il y aurait manifestement un impact », constate Mouncef Sedrati, enseignant-chercheur en Géomorphologie littorale et Géologie Marine au laboratoire Géo-Océan. Une élévation d'un mètre engloutirait effectivement le tombolo reliant la presqu'île au continent et inonderait une partie des zones basses derrière la grande plage. À partir de 2 mètres d'élévation, seule la pointe sud de Porh Guerh resterait la tête hors de l'eau.

Lecture des cartes : en rouge, les zones submergées de Gâvres en fonction de l'élévation du niveau marin
Source : Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM)

Les efforts consentis sur la presqu'île de Gâvres pour rehausser les dunes et engraisser les plages permettront de créer des zones tampons qui atténueront l'énergie de la houle.« On sait qu'on ne peut pas tout sauver, qu'on ne peut pas stopper un phénomène marin. Mais on peut l'estomper. En retardant l'échéance, on gagne du temps », conclut Mouncef Sedrati. Un temps précieux, à condition de ne pas regarder ailleurs.

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LES OUTILS ANTI-SUBMERSION

Les épis en rondins de bois

Plantés perpendiculairement à la mer, les épis en rondins de bois bloquent le sable qui arrive en parallèle de la côte, par dérive littorale. Le sable vient alors rehausser le niveau de la plage, ainsi que celui des dunes, engraissées par le transport éolien de sédiments.

De par leur perméabilité, les épis en rondins sont des dispositifs de défense douce contre l'érosion côtière. Ils n'engendrent pas énormément de contraintes sur la nature, au contraire des enrochements ou des digues.

Ces ouvrages sont dits transversaux.

Les ganivelles

En haut de plage, plantées dans les dunes, les ganivelles captent et stockent le sable transporté par le vent.

Ces casiers en lattes de bois permettent aussi d'éviter le piétinement des hommes, notamment durant les périodes estivales. La végétation peut s'y développer, avec des oyats ou des chiendents. Leur système racinaires maintient encore plus les dunes et renforce leur résistance au vent et aux vagues.

Résistantes au sel marin, leurs feuilles contribuent à capter le sable éolien, entraînant un cercle vertueux.

Les épis en blocs de roche ou enrochements

Les épis en blocs de roche suivent le même principe que ceux en rondins de bois, à savoir de capter le sable de la dérive littorale. Le sédiment vient alors s'échouer contre l'épi, faisant remonter la plage.

Cependant, ce type d'ouvrage lourd accélère l'érosion de l'autre côté de l'épi, qui se retrouve alors dépourvu de la dérive littorale. Un phénomène d'affouillement s'observe alors.

Sur la Grande plage de Gâvres, ci-contre, le sable est plus haut d'un mètre et demi à l'ouest qu'à l'est de l'épi.

Les digues bétonnées

Les digues en béton longent les littoraux urbanisés. Verticales, inclinées ou incurvées, elles répondent frontalement aux vagues lors des fortes marées protégeant les installations humaines.

L'effet de la houle contre le mur provoque une forte agitation sous-marine, remuant davantage le sable et l'emportant au large. Le pied de l'ouvrage se creuse alors, comme ci-contre à Gâvres.

Ces ouvrages longitudinaux font débat. Ils protègent un endroit tout en accélérant l'érosion. Leur coût est aussi très élevé, à la construction et pour leur entretien.

LE SABLE, TRÉSOR PROTECTEUR

L'accélération de l'érosion des côtes littorales a mis en lumière un acteur auquel on ne s'attend pas forcément : le sable. Matériel vivant, mobile et indispensable à l'équilibre des dynamiques côtières, il est au cœur de toutes les convoitises. Le sable, c'est un peu comme un matelas. Plus la couche est épaisse, plus elle amortira l'énergie des vagues. Aujourd'hui, le sable se fait parfois rare. Les ouvrages pour le retenir se multiplient tout au long du trait de côte.

La pénurie sédimentaire est la conséquence des prélèvements anciens. Au milieu du XXe siècle, de gigantesques quantités ont été extraites du littoral à l'ouest par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale pour ériger le « Mur de l'Atlantique ». Puis les locaux s'en sont servis aussi pour reconstruire les villes détruites, comme Lorient ou Brest. L'artificialisation du littoral des dernières générations a aggravé ce déficit sédimentaire.


À Gâvres, le sable est défendu ardemment par ses habitants. Au début des années 2000, ils se sont dressés contre le cimentier Lafarge.  L'entreprise de matériaux construction avait obtenu du ministère de l'Industrie l'autorisation d'extraire 600 000 tonnes de sable par an pendant 30 ans, à 5,5 kilomètres de Gâvres. « Le Peuple des Dunes » nom du collectif contestataire mené par André Berthou sur la presqu'île, a finalement obtenu gain de cause.

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ARCHIVES

Photo 1 : Gâvres dans les années 1960, vue du port ; Photo 2 : Grande plage de Gâvres dans les années 1920-1930 ; Photo 3 : Pointe de Porh Guerh en 1930 ; Photo 4 : Gâvres avec vue sur l'Église après la Seconde Guerre mondiale
Crédit photos : Observatoire Citoyen du Littoral Morbihannais (OCLM) et laboratoire Géo-Océan, soutenus par la Fondation de France

Ces photos ont été rassemblées dans le cadre du projet FUGASCIA, projet qui implique les citoyens de Gâvres dans la gestion du trait de côte. 

LES SUBMERSIONS HISTORIQUES À GÂVRES

Décembre 1896
« La marée d’hier a produit des dégâts importants au matériel de la défense fixe. À Gâvres, tous les locaux ont été inondés, les palissades entourant le jardin et la cour ont été démolies et le circuit photoélectrique a été découvert. Dans la même journée, la tempête a endommagé et obstrué la voie ferrée des poudrières dans l’anse de Gâvres. La casemate de 2e massif a été envahie par l’eau et actuellement il y en a encore plus d’un mètre.»
Source : Le Phare de Bretagne, article du 6 décembre 1896 (Médiathèque de Lorient)
Novembre 1967
« Dans la nuit du 2 au 3 novembre 1967, les ouvrages de défense contre la mer édifiés dans l’anse de Goërem en 1962 ont subi d’importants dégâts. Dans la partie Est de la Grande Plage, où il n’existe pas de mur de défense, la dune a été sapée sur plusieurs mètres et de ce fait, toute la parcelle de terrain dite « les joncs » où se trouve le terrain de sport et de camping est directement menacée. (…) L’état de la dune dans la partie Est de la Grande Plage nous cause de vives inquiétudes. »
Source : Mairie de Gâvres (le Maire de Gâvres au Préfet du Morbihan – Courrier du 9 novembre 1967)
10 Janvier 2001
« Entre 4 et 5 heures, la hauteur des vagues était telle que l’eau de mer passait au-dessus des ouvrages de protection contre la mer, entraînant l’inondation du quartier voisin (80 habitations). Des dégradations ont été constatées sur la voirie, les parkings, le terrain de sport et la destruction partielle du mur de défense contre la mer de la Grande-Plage. »
Source : Mairie de Gâvres (Délibération du Conseil Municipal du 24 janvier 2001)
10 Mars 2008
« Hier entre 6 h et 7 h du matin, l'Atlantique a mis une claque terrible à la petite commune du Morbihan. Ancien village de pêcheurs, Gâvres, 900 habitants, est située au bout d'un cordon dunaire qui s'arrête à l'entrée de la rade de Lorient. L'océan en furie a culbuté une grande partie d'un muret de 200 mètres élevé en 2001 en arrière de la digue, du côté de la grande plage. Et la mer s'est engouffrée. »
Source : Ouest-France - Un quartier de Gâvres submergé par la marée - 11 mars 2008
Crédit photos : Observatoire Citoyen du Littoral Morbihannais (OCLM) et laboratoire Geo-Ocean, soutenus par la Fondation de France

LA SUBMERSION DE 2008 EN VIDÉOS

Le 10 mars 2008, le journal télévisé de 20 heures de France 2 s'ouvrait avec les conséquences de la tempête Johanna sur l'ouest de la France. Un reportage est d'ailleurs consacré à la presqu'île de Gâvres, qui s'est réveillée les pieds dans l'eau. Surpris par la soudaineté de l'intrusion de la mer dans leurs maisons, les Gâvrais et les secours organisent alors l'évacuation de l'eau. La submersion de 2008 est la dernière en date connue par la presqu'île.

Source : Institut National de l'Audiovisuel (INA)
Autre point de vue de ce 10 mars 2008 auprès de la population gâvraise. Les images montrent jusqu'où l'eau a pu monter et stagner dans le quartier situé derrière la Grande plage de Gâvres. Certains habitants ont alors été évacués de leurs domiciles, faute d'électricité et de chauffage à la sortie de l'hiver. Les dégâts ce jour-là n'ont été que matériels pour les habitants, qui ont pu se réfugier aux étages des maisons. Les premiers plans du sujet montrent les dommages causés par la tempête sur le « mur protecteur » en haut de la Grande plage.

Source : sons diffusés sur RTL, extraits d'images sur I-Télé
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CRÉDITS

« Presqu'une île » est une série de podcasts réalisée par Etienne Marquis et Marie Rabin, effectuée dans le cadre de notre projet de fin d'études en Master journalisme et médias numériques (MJMN) à l'Université de Lorraine (Metz) entre janvier et mars 2023.

Photographies : Etienne Marquis et Marie Rabin ; Observatoire citoyen du littoral morbihannais (OCLM)
Logo original : Damien Léon
Vidéos et sons : archives INA ; Plongée Nocturne Copyright © Hicham Chahidi
REMERCIEMENTS
Dominique Duic, André Berthou, Glen Bulot, Olivier Priolet, François Coulon, Thomas Dubreuil, Akira Lavault, Maryse Lejeune, Françoise Quer, Manuèle Haton et Elodie Martinie-Cousty.
Mais également Dominique Duic, Dominig Bourbao, Mouncef Sedrati. 
Damien Léon pour la réalisation du logo de ce projet. 
La promotion 2021-2023 du Master journalisme et médias numériques (MJMN) ainsi que ses intervenants et professeurs.

Merci également à Anne, François, Mathilde, Florentin, Anna, Benjamin, Claire, Maxime, Florent, Emmanuelle et Elias.
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